Extrait de : Maryse Frougneux

Maryse Frougneux - Sylvie Langevin 

Le 1er août 1934 mes parents, Anne Jacquemont et Louis Frougneux se marient en l’église de Maubert-Fontaine dans les Ardennes. Ils sont tous deux natifs de cette région. Mon père est né le 14 avril 1907 à Barby. Ma mère le 3 mai 1912 à Maubert Fontaine.

Mon père a habité Wadimont dans son enfance, ma mère Maubert.

Mon grand-père paternel Oscar Frougneux (1875-1957) a épousé Jeanne Petit (1903-1918). Deux enfants naissent de cette union, Louis, mon père et Mariette, sa sœur. Jeanne Petit meurt de la grippe espagnole, les enfants sont encore en bas âge. Deux mois plus tard, mon grand-père se remarie avec Yvonne Garcia. Ils ont deux enfants Edith et Paul

Mariette accepte mal ce remariage, et en voudra toute sa vie à sa demi-sœur Edith, elle le lui répétera sans arrêt

Celle-ci est en admiration devant son grand frère Louis. Il faut dire que Louis, mon père est un homme bon, généreux, altruiste. Il aurait non seulement donné sa chemise mais son cœur pour les autres.

Sa carte d’identité le décrivait ainsi : " Yeux bleus, front moyen, nez gros, visage long, cheveux châtains, 1.75 mètre. " Pour moi c’était le plus beau, le plus tendre, le plus généreux des hommes, l’homme parfait. Il avait toutes les qualités et je l’admirais inconditionnellement. Un géant souriant, aux yeux d’un beau bleu, à la démarche ample. J’essayais de l’imiter en faisant, comme lui, de grandes enjambées.

Il est couvreur comme son père Oscar et travaille quelque temps avec lui. Oscar est un homme autoritaire, très dur, à la rudesse campagnarde. Il est violent et maltraite souvent son fils.

Un jour le jeune homme lui demande l’autorisation d’aller au bal du village. Il insiste et Oscar lui répond : " Je veux pas savoir mais demain tu te lèves à cinq heures. "

Une autre fois, en plein hiver, papa ne se réveille pas, Oscar l’arrache du lit avec perte et fracas et lui plonge la tête dans l’abreuvoir aux chevaux.

À quinze ans, ne supportant plus cette éducation, papa décide de se sauver de chez lui. Il se réfugie à Metz, chez son copain et beau-frère Marcel Famelart, greffier au tribunal et lui demande d’être hébergé chez lui. Pierre Laval, son cousin de Maubert le lui déconseille aussi : papa est mineur, il serait probablement recherché par la gendarmerie et ramené manu militari, entre deux gendarmes, menottes aux poignets. Pire Oscar ne se gênerait certainement pas pour le rouer de coups de bâton ou le laisser coucher dehors sans rien dans le ventre !

Pierre lui conseille plutôt de devancer l’appel et de s’engager. C’est ce qu’il fait.

Il est incorporé dans l’armée le 14 mai 1924, et obtient son Brevet Elémentaire le 1er décembre 1927. Il devient canonnier de deuxième classe sur le navire " Le Diderot " du 1er juin au 1er décembre 1 927. Il passe son certificat de pointeur, et navigue sur le " Simoun ", du 1er décembre 27 au 1er octobre 1928 puis sur le Vulcain, du 1er octobre au 10 novembre 1928 en tant que marin canonnier pointeur.

Il navigue le long de la côte méditerranéenne. Pendant ses permissions, il visite l’Algérie, le Maroc, d’où il enverra à Mariette, à Pierre et Jean Laval des cartes postales pleines de soleil.

Il est renvoyé dans ses foyers le 12 novembre 1928, c’est-à-dire à sa majorité.

                                               

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